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L'Art Roman : Epoque Mérovingienne

Publié le par Pays Norbert Chadourne dit Guépin

II) l'époque mérovingienne

Au moment de la chute de l'empire romain (fin du Vème siècle), la Gaule est partagée en cinq ensembles :

- la Bretagne, zone complètement indépendante, peuplée de celtes chassés des Cornouailles par les Angles et les Saxons,

- Au nord du pays, dans la vallée de la Somme vers la Belgique et la vallée du Rhin, se trouvent les Francs saliens,

- Une vaste zone comprenant le bassin parisien et une bonne partie du bassin de la Loire reste sous la domination d'un général romain, Syagrius,

- Les Burgondes occupent le centre est du pays, la Bourgogne et descendent une bonne partie de la vallée du Rhône,

- Enfin, les Wisigoths, implantés en Espagne, remontent en Gaule dans le bassin Aquitain et sur le littoral méditerranéen.

C'est dans le contexte de ce pays divisé que Clovis, roi des Francs, et ses fils, unifient le pays. Seule la Bretagne reste indépendante. Pour appuyer cette conquête, les Francs se servent du Christianisme.

Traditionnellement païens, ils deviennent chrétiens avec le baptême de Clovis, en 498 ou 499. Cette conversion est probablement sincère, mais elle est également un geste politique habile : les francs s'appuient sur le réseau des évêques gallo-romains dans leurs conquêtes qui y trouvent aussi leur compte, en gagnant la protection des rois francs.

Cette alliance entre la royauté et le clergé va provoquer peu à peu une intrusion des laïcs dans les affaires religieuses. Les rois vont prendre ainsi l'habitude de nommer les évêques et l'aristocratie franque va s'adjuger les postes les plus importants. L'église est devenue un véritable outil de pouvoir pour les rois mérovingiens. Ainsi, ils convoquent régulièrement des conciles pour légiférer.

En devenant un instrument aux mains des rois Francs, l'église de Gaule prend alors son indépendance vis à vis de Rome. L'influence de Byzance, trop lointaine, est quant à elle inexistante.

Quelques voix au sein du clergé s'élèvent contre cette ingérence des rois dans les affaires religieuses mais en vain. Il est à signaler que cette autonomie de l'église gauloise vis à vis de Rome n'est pas une exception dans l'occident chrétien de ce début de VIème siècle (les églises d'Espagne, d'Angleterre, ou d'Afrique du Nord sont tout aussi indépendantes). Si ces églises reconnaissent à Rome une place centrale, elles se jugent aptes à régler elles-mêmes leurs affaires par leurs conciles. Au-delà de cette volonté d'indépendance des églises locales, Rome s'avère de toute manière incapable de fédérer qui que ce soit. Il faudra attendre l'avènement des carolingiens pour revoir Rome occuper une place importante.

Avec l'effondrement de l'empire et les invasions barbares, la disparition des écoles classiques, la vie spirituelle a été stoppée net. Le christianisme n'avance plus, certaines contrées voient renaître des rites païens. Par ailleurs, dans son désir d'évangéliser rapidement des régions, l'église a parfois enrôlé trop rapidement des prêtres peu respectueux de leur sacerdoce. Leur morale est parfois tout à fait inexistante.

Face à cette situation, une deuxième vague de monachisme, deux cents ans après la première initiée par saint Martin débute en occident. L'impulsion vient de deux régions : la Bretagne et l'Italie. En Bretagne, des moines venus d'Irlande ou d'Angleterre fondent des monastères " celtiques ".

Saint Benoît, en fondant son monastère du mont Cassin en 529, est à l'origine de la règle de référence décrivant la vie d'un monastère. Celle-ci, plus souple que les précédentes, se répand partout en occident. Les monastères suivant la règle de saint Colomban sont alors vite dépassés par la règle bénédictine.

En 620, le premier monastère bénédictin en Gaule est fondé à Hauterive, dans le Tarn. Le succès bénédictin est officialisé avec son adoption par la hiérarchie ecclésiastique au concile d'Autun (663-675). Désormais, tous les monastères doivent la suivre. Cet élan salutaire est décisif pour la vie intellectuelle qui commence à renaître vers la fin du VIIème siècle.

Durant toute cette époque de l'avènement de Clovis au milieu du VIIIème siècle, l'église de France a donc considérablement gagné en indépendance vis à vis de Rome, au prix d'une soumission aux princes. Le bilan est très contrasté puisque d'un autre côté, on a assisté à une dégradation de la discipline du clergé, dont l'état moral est déplorable : évêques homicides, pratique du nicolaïsme, etc. Le nicolaïsme désigne dans le christianisme, et cela particulièrement dans l'Église du Moyen Âge, l'incontinence sexuelle (par le mariage, le concubinage, etc.) des clercs astreints au célibat.
D'un autre côté, le monachisme a pris un essor formidable. Il se répand dans toute l'Europe et les monastères se révèlent être les derniers bastions de la science et du savoir dans un vaste désert
intellectuel, en conservant les savoirs hérités de l'Antiquité.

Globalement, c'est surtout l'inexistence Rome qui est flagrante sur cette période : aucune autorité doctrinale de haut niveau n'est venue guider l'église.

(à suivre, la semaine prochaine : l'époque Carolingienne)

Dominique Saint-Araille dit Bordelais, Aspirant tailleur de Pierre

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