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Le Billet du Tour de France

Publié le par Un Pays de la Chambre

Les légendes qui font le compagnonnage (1/2)

Pour communiquer par delà les temps ou à ses contemporains, le message doit être transporté par un véhicule attrayant. Le choix du véhicule est essentiel, il permet de transporter le message jusqu'à celui qui doit le recevoir.

Ainsi la légende est un véhicule qui transporte un contenu, parmi ces contenus, il y a des mythes fondateurs de la tradition d’une communauté.

La légende d’Hiram

Extraite du rituel de l’Union Compagnonnique en 1890.

La lecture en était faite au compagnon au jour de sa Réception.

« C'est en Orient, berceau de la civilisation, qui fut aussi le berceau des légendes et des fables qu'est né le Compagnonnage.

La construction du Temple de Jérusalem, l'une des merveilles du monde et la mort tragique d'Hiram son glorieux architecte sont les éléments sur lesquels, nos pères ont établi la tradition qui s'est transmise jusqu'à nous. L'architecte du Temple, est donc le mythe vers lequel convergent tous les Devoirs, comme tous les ordres Compagnonniques malgré les différents noms qui lui ont été donnés.

Quel était cet homme ? D'où venait-il ? Son passé était un mystère ! Envoyé au roi Salomon par le roi de Tyr, ce personnage aussi étrange que sublime avait su, dès son arrivée, s'imposer à tous; son génie audacieux le plaçait au dessus des autres hommes, son esprit échappait à l'humanité et chacun s'inclinait devant la volonté et la mystérieuse influence de celui dont le talent dominait tous les autres. La bonté et la tristesse étaient peintes sur son visage assombri et son large front reflétait à la fois l'esprit de la lumière et le génie des ténèbres.

Son savoir s'était acquis, dans la solitude et n'avait jamais eu d'autres modèles que ceux que le désert lui avait fournis, parmi les débris inconnus et les figures colossales de Dieux et d'animaux symboliques, espèces évanouies, spectres d'un monde ancien et d'une société disparue et morte.

Le pouvoir de celui que les historiens ont, tour à tout nommé, Hiram, Hiram-abi, Abiram ou Adhomhiram était grand : il commandait l'immensité des travailleurs réunis à la construction du temple, parlait tous les idiomes, depuis l'idiome sanscrit de l'Himalaya jusqu'au langage guttural des sauvages Lydiens. La renommée à la voix puissante, en avait fait retentir les échos jusqu'aux extrémités du monde.

C'est alors que la Reine Balkis, renommée par sa beauté, résolut de se rendre à Jérusalem pour saluer le grand monarque et se rendre compte par elle même, des merveilles qu'il faisait édifier.

Salomon, accueille avec enthousiasme la Reine de Saba et lui fait admirer le superbe édifice qu'il fait élever au Dieu, mais chaque fois que la Reine demande : Qui l’a conçu ? Qui a exécuté les chefs-d’œuvre admirables qui ornent son palais et les travaux du Temple ? Le Roi répond : "C'est Hiram, homme bizarre et farouche que m'a envoyé le Roi de Tyr".

Balkis, est impatiente de connaître cet homme ainsi que de voir, rassemblée sous ses yeux, cette armée innombrable d'ouvriers de toutes sortes. Salomon lui dit que ces ouvriers dispersés de tous cotes seront peut être difficiles à réunir.

Mais Hiram s'adosse à un portique extérieur et se faisant un piédestal d'un bloc de granit, il jette un regard sur cette foule attentive et, sûr d'être vu de toutes parts, il fait un signe : le travail s'arrête comme par enchantement, tous les visages se tournent vers lui. Le maître, lève alors le bras droit et de sa main ouverte, trace dans l'air le simulacre d'une équerre, à ce signe de ralliement, la fourmilière humaine s'agite, comme si une trombe de vent l'avait bouleversée, les groupes se forment, se dessinent en lignes régulières, en trois corps principaux, au centre les travailleurs de la pierre, à droite ceux qui travaillent le bois et à gauche ceux qui s'adonnent à l'industrie des métaux.

Ils sont là, par centaines de mille, la terre tremble sous leurs pas, ils s'approchent semblables aux hautes vagues de la mer prêtes à envahir le rivage ; point de cris, point de clameurs, on n'entend que le roulement lointain, précurseur de l'ouragan ou de la tempête, qu'un souffle de colère vienne à passer sur ses têtes et ces flots animés emporteraient dans le tourbillon de leur puissance, tout ce qui voudrait faire obstacle, à leur impétueux passage.

Hiram, étend le bras, cette armée demeure immobile. Devant cette force inconnue qui s'ignore elle même, Salomon a pâli, il jette un regard effaré, sur le brillant mais faible cortège des prêtres et des courtisans qui l'entourent, son trône vat-il être broyé et submergé, par les flots de cet océan humain ? Non: le maître fait un signe, cette armée se disperse, elle se retire frémissante, mais obéissante à l'intelligence qui la domine et qui la dompte.

Cette puissance, était le Compagnonnage, avant que la jalousie ne vint jeter son venin dans les rangs et rendre ennemis irréconciliables des ouvriers qui, la veille, s'aimaient et s'estimaient en frères.

Quand au chef mystérieux, qui commandait à ces légions d'hommes, son génie devait bientôt soulever contre lui, la haine des envieux, des lâches et des traîtres, il devait succomber et succomba, sous les coups de trois mauvais Compagnons qui personnifiaient: l'ignorance, l'hypocrisie et l'ambition.

Chaque soir, après le départ des chantiers, Hiram avait l'habitude de visiter les travaux pour se rendre compte de leur état d'achèvement et voir, si ses ordres avaient été rigoureusement exécutés. Les ouvriers connaissaient ce détail. Aussi les trois mauvais Compagnons qui voulaient la paie des maîtres résolurent de profiter de cette occasion pour obtenir par la force, ce qu'ils savaient, ne pouvant l’obtenir par la raison. Armés chacun d'un outil, ils s'embusquèrent aux trois portes principales sachant bien que le chef ne pourrait sortir que par l'une d'elles.

Or, ce soir là, Hiram ayant fini son inspection, sortit par la porte du sud. Il y est arrêté par le traître qui lui dit : " Il y a trop longtemps que vous me retenez dans les rangs inférieurs, je veux de l'avancement, admettez-moi au rang des maîtres".

Avec sa bonté ordinaire, le chef répond : « Je ne puis de mon autorité te donner ce que tu demandes, travaille et lorsque tu auras terminé ton temps, je me ferai un devoir de te présenter au conseil. »

« Je suis assez avancé, répond le téméraire, et je ne vous quitterai pas que vous ne m'ayez donné le mot des initiés. »

« Insensé ! répond Hiram, ce n'est pas ainsi que je l'ai reçu, travaille, persévère et tu seras récompensé. » Le traître insiste, menace et sur un nouveau refus, il lui assène sur la tête, un violent coup de règle, qui détourné par le geste du maître ne l'atteint que sur la nuque.

Hiram inquiet, veut se précipiter par la porte de l'orient, mais là, il est arrêté de nouveau par le deuxième traître, qui fait les mêmes demandes et qui, sur son refus, lui porte au cœur un terrible coup de l'équerre dont il était armé.

Étourdi par ce deuxième coup, notre maître se dirige en chancelant vers la troisième porte par laquelle il espère échapper à ses assassins. Vain espoir, il est arrêté de nouveau par le troisième conjuré qui lui demande aussi le mot des initiés : "Plutôt mourir s'écrie Hiram que de trahir le secret qui m'a été confié ". Au même moment, le scélérat lui assène sur la tête un violent coup de masse qui l'étend, mort, à ses pieds.

Les trois meurtriers, s'étant rejoint, se demandèrent réciproquement la parole de l'initié. Voyant qu'ils n'avaient rien pu obtenir, ils furent désespérés, cachèrent le corps de la victime et s'enfuirent après avoir planté une branche d'acacia sur l'emplacement.

Salomon, devant un crime aussi odieux, résolu de venger Hiram et fit mettre à prix la tête des assassins. Après bien des recherches, ils furent découverts.

Ramenés devant le roi, ils furent condamnés à la mort la plus cruelle : Attaches à des poteaux par les pieds et par le cou, les bras liés par derrière, on leur ouvrit le corps depuis la poitrine jusqu'au bas ventre et on les laissa ainsi exposés, à l'ardeur du soleil l'espace de huit heures. Leurs plaintes devinrent si lamentables, qu'on leur trancha la tête. Chacune d'elles fût exposée sur une pique, dans le même ordre, qu'ils avaient commis leur crime. »

(À suivre)

Un Pays de la Chambre

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